Adieu Eri, un peu de mon histoire

Quand on me parle d’”Adieu Eri”, je me sens immédiatement investi émotionnellement. L’histoire d’un garçon qui fait un film sur sa mère atteinte d’un cancer me rappelle malheureusement une partie de ma vie.

En octobre 2004, je parcourais un couloir que je ne connaissais que trop. Tout était sombre et l’atmosphère était lourde. Quoi de plus normal dans une clinique. J’avais sous le bras mon énorme lecteur DVD. J’ouvris la porte de la chambre, tout était obscur. Au fond de celle-ci, ma mère, éclairée seulement par sa lampe. J’étais toujours accueillie par le même sourire, même s’il devenait de plus en plus fatigué.

Après un baiser sur le front, je dis à ma mère : 

“J’ai une petite surprise pour toi.” 

Elle me demanda : “Tu m’as rapporté un film ? ” Je répondis : “Oui, j’ai monté un petit film pour la communion de Manu.”

J’avais décidé de faire ce film après avoir récupéré des rushs qui dataient déjà de plusieurs mois. Je pensais sûrement que ce n’était pas pressé et que j’attendrais que ma mère guérisse de son cancer. Cette journée était tellement spéciale pour nous. Le cancer de ma mère était terminé après des années de lutte. Nous étions tous réunis en famille, immortels.

Du moins, je le croyais, le temps d’une journée. Je ne me doutais pas que, quelques mois plus tard, deux personnes partiraient pour de bon.

Mon grand-père décédé 2 mois après

Une fois le lecteur installé sur la petite TV de la clinique, je m’installais à côté de ma mère. Elle me dit : “Ne reste pas dans ce fauteuil, viens contre moi.” Elle était si fragile que j’avais peur de la casser en la prenant dans mes bras. Un sentiment que je n’ai ressenti qu’une seule fois depuis, en prenant mon fils prématuré dans mes bras. Je n’arrivais pas à accepter que cela puisse être la dernière fois que ma mère était contre moi. Et pourtant, après le décès soudain de mon grand-père, aussi rapide que choquant, le cancer de ma mère était revenu. Nous savions que cette fois-ci, elle ne reviendrait pas à la maison.

J’ai lancé le DVD tout en regardant la réaction de ma mère pour voir chacune de ses expressions. Les photos et les petites vidéos défilaient dans un montage très basique. Mais ma mère n’en avait cure, elle voyait sa famille, une dernière fois.

Une dernière danse

Il était temps pour moi de partir et, alors que je démontais le matériel, ma mère a voulu que nous ayons une discussion. Je savais que ce serait la dernière.

Elle m’a dit qu’elle était fière d’être notre mère, et qu’elle savait qu’elle pouvait partir. Elle voulait que nous restions toujours unis les uns pour les autres, comme elle le faisait.

Je repris ce couloir pour la dernière fois, les lumières s’éteignaient à mesure que je passais. Je me retournais une dernière fois vers cette chambre avant de dire un dernier :

 “C’est moi qui suis fier d’être ton fils.”

Le lendemain, elle entra dans le coma et j’ai décidé de jeter ce DVD qui était le dernier souvenir de ma mère et qui est parti avec elle.

Toujours avoir le sourire

djekill

3 réflexions sur « Adieu Eri, un peu de mon histoire »

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