Zack Snyder, un artiste entier

Avril 1991, mon grand père m’offre pour mes 10 ans une cassette vidéo ( je sais, je suis vieux). Il s’agit du film Batman de Burton, ma première cassette vidéo qui n’était pas vraiment pour enfant. J’ai torturé cette cassette au point qu’elle était devenue illisible ( les vrais savent).  Mais au delà de découvrir mon super héro préféré, j’ai surtout découvert un réalisateur.


Burton est devenu avec le temps (du moins à l’époque) mon réalisateur préféré. Un artiste hors du système hollywoodien, avec son propre style. J’ai suivi sa carrière de prêt, accrochant à son style visuel tellement unique, ça me parlais à moi directement.  Malheureusement, en 2001, ce fut pour moi la fin de notre histoire, avec son minable  » la planète des singes », un nanar insupportable et à l’opposé de son style et de ses thèmes. Il avait rejoint les sirènes de l’argent hollywoodien préférant faire du commercial insipide, prostituant son style visuel non plus pour exprimer quelque chose, mais uniquement car cela faisait des entrées. Il a suffit de voir son histoire d’amour avec Disney pour comprendre qu’il a viré du côté obscur, perdant à jamais ses fans de la première heure, qui ont perdu un artiste pour un banquier.


Vous vous demandez surement pourquoi je vous parle de Burton, alors que le titre parle de Snyder ?

Tout simplement car je n’ai pas retrouvé depuis Tim Burton, ce sentiment de vraiment accroché à un réalisateur, autant sur la forme, que sur le fond. Un homme qui me hype visuellement, mais qui en plus reste un rêveur, un geek passionné ayant une vision qui lui est propre, quitte à se mettre les studios à dos. Vous avez compris, j’ai enfin retrouvé ce sentiment avec Zac Snyder.

Zack, son histoire vite fait ( je ne suis pas Wikipédia)

Zack Snyder, né le 1er mars 1966 à Green Bay dans le Wisconsin se lance dans la publicité après une formation artistique à Londres et Pasadena. Il se fait très rapidement remarqué et réalise son premier film en 2003 avec l’Armée des morts.S’en suit des film comme 300, Watchmen, Sucker punch, ….., des films autant adorés que critiqués. Il faut dire que le Style Snyder est reconnaissable entre mille:

  • Une photographie magnifique
  • Des plans sublimement travaillés
  • Une iconographie de ses super héros
  • Des ralenties très présents (parfois trop pour certain)

Mais Snyder est souvent critiqué par les biens pensant du cinéma, car c’est le genre de réalisateur à privilégier la forme au fond. C’est vrai que, souvent, il a tendance à vouloir en faire trop et passe à côté d’une scène qui se voulait être touchante.

Pourquoi je respecte autant ce gars :

Plus haut je vous parlais de mon ancien amour envers Burton, qui était à l’époque un artiste authentique. Et bien c’est exactement ce que je penses maintenant de Zac Snyder. C’est  un artiste de l’image avec un style graphique inspiré de peinture, BD ou bien encore du jeu vidéo. Pour faire simple, c’est beau. Mais au delà de la beauté de sa réalisation ce que j’aime chez lui, c’est sa passion, son authenticité. Prenons l’histoire autour de la Snyder cut (si vous ne savez pas ce que c’est (sérieux ??????) , vous pouvez lire mon post précèdent). Snyder a bossé avec une vision, une vision absolument pas commerciale, mais bien plus artistique et profonde, avec des thèmes encrés dans notre réalité.

Le problème c’est que le grand public habitué au divertissement vite mâché de chez Marvel, ne comprends pas exactement où Snyder veut en venir. Dans sa recherche d’un profil rapide, la Warner décide de massacrer la vision de Zack. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, sa fille Autum se suicide. Voulant absolument ne pas laisser son projet à des mains véreuses qui ne respecterons pas son travail et sa passion, il garde ce suicide secret.

Ça fini malheureusement par se savoir et Zack et sa femme, ne supportant plus la situation familiale et la pression de la Warner, décident de prendre une pause. Malheureusement pour lui, la Warner en profite pour le virer (selon les versions, d’autre  disent qu’il est juste parti).

le foutage de gueule de la warner

La Warner, ne respectant pas les artistes, ne se gène pas pour faire massacrer le film par Whedon, tout en laissant le nom de Zack Snyder en gros sur l’affiche. Quand sa femme, Déborah et Christopher Nolan ont vu le massacre de cette version charcutée par des bouchés, ils ont prévenu Zack de ne surtout pas la regarder, ça serait encore comme si il avait perdu un enfant pour lui, Zack ne le supporterait pas. Zack Snyder a écouté sa femme  et n’a jamais vu la version de Whedon, mais a bien sûr eu les retours catastrophiques du film.

Il faut bien comprendre une chose, cet homme vient de perdre sa fille et on lui prend un projet qui lui tenait à cœur. Il faut comprendre aussi que Snyder est un geek, un passionné et si parfois on peut le trouver extrême dans ses choix, c’est que très souvent qu’un passionné prend les choses trop à cœur.


Justice League (comme tout le DCU) est son bébé, et il ne compte pas le laisser partir lui aussi. Il utilise les réseaux sociaux pour faire monter la hype autour de sa version. Et après des années de combats et grâce aux fans, il finit par faire plier Warner. Mais la Warner voulait surtout se débarrasser des fans mécontents et du #realeasethesnydercut.

La Warner invite Zack Snyder et lui demande de balancer son film dans l’état où il était à ce moment là. En gros sans musique ni effets spéciaux.  Snyder loin d’être con répond:     

« Vous me demandez cela pour faire taire les fans et sortir une version décevante qui se fera descendre et confirmera votre vision ».

Et rajoute sur la lancé ce que je vous raconte depuis tout à l’heure à propos de la passion de Snyder pour son travail:

 » Je veux un budget de 20 à 30 millions supplémentaire, une liberté totale, et je ne veux pas être payé pour cette version. Vous aurez clé en main un film de 4H pour votre plate-forme »

Et le président de HBO max, la plateforme de streaming de Warner accepte.

Les fans en action

Snyder, jusqu’au-boutiste:

Il y a vraiment une chose qui m’impressionne chez ce gars, il est prêt à se mettre tout le monde à dos pour réaliser  sa vision. En effet, avec la sortie de la Snyder Cut, on pourrait penser qu’il allait essayer de plaire à un maximum de gens pour valoriser sa version. Il n’en est rien.

Dès le début on apprend la durée du film, 4 heures.  Warner essaye de la faire passer en mini série de 4 X 1 heure. Mais Zack est catégorique, le film durera 4 heures et sera diffusé en entier.  Et au final, dans une majorité des cas, les gens ne se sont pas ennuyés et la durée de 4 heures n’a pas desservi le film, au contraire.

Plus extrême encore, le format de l’image. Lors de la première bande annonce, les images était en 1:66 sur 1, un format très rare proche du 4/3 de la grande époque du cathodique. Les gens pensaient que cela n’être qu’un délire visuel pour la bande annonce, il n’en était rien.

Zack  Snyder confirme après la bande annonce que tout le film sera dans ce format.  Levé de bouclier, le film est coupé dans son image et un écran 16/9 est donc inexploité. Et pourtant l’image proposé par Zack est un format complet  IMax. D’habitude le format est en 4/3 puis recadré pour remplir complément l’écran, ici pas de recadrage. Zac est tombé amoureux de ce format lors du tournage de Batman V Superman (il a sorti depuis une nouvelle version du film avec ce format d’image lors des scènes tournées en Imax). 

Et le pire c’est que, à nouveau, les gens qui ont été surpris par ce choix au départ, ont au final apprécié ce format. Il faut dire que Zack a shooté son film avec ce format  en tête, donc la mise en scène, la structure des plans sont étudiés pour ce format. De plus il voulait l’utiliser pour pouvoir filmer des personnages et non des cadres. C’est d’ailleurs étrange que des gens pestent de ce format d’image qui rajoute des bande noire sur le côté, alors que le dernier Avengers, pourtant filmé lui aussi en IMAX, rajoute des barres en haut et en bas (quel intérêt de l’IMAX du coup ????) sans que cela ne choque grand monde.

Malgré les choix de Snyder, le film est un énorme succès. Justice League the Snyder Cut est la VOD la plus vendu de l’histoire. Beaucoup on compris ce que Snyder voulait dire et montrer.  Je ne sais plus qui disait cela, mais il avait raison: » un réalisateur est là pour avoir des idées que n’aurait jamais eu le public » .

Snyder, un artiste avant tout:

Un véritable artiste exprime ses propres messages dans ses créations. Et on trouve souvent des thèmes importants pour Zack dans ses films. Parfois c’est maladroit et plombe le film (Sucker Punch) et parfois c’est parfaitement intégré à son histoire comme dans Justice League. 

Car oui, la grosse différence entre un film Marvel et un DC Snyder, c’est que dans les films de Zack, il y a un vrai thème sous-jacent. Dans Man of Steel c’est le thème de l’acceptation et d’assumer son rôle, dans BvS c’est celui des contrôles et de la manipulations des médias.

Et oui, ce n’est pas forcement à ce genre de thème auquel on pense quand regarde des héros costumés, mais c’est pour cela que Zack a fait rentrer ce genre de film à un niveau plus adulte. Dans Justice League, Snyder parle du thème de la mort, de la mémoire, du deuil.  Et c’est ce dernier thème qui est le plus important et pourtant arrivé si tard. En effet la scène la plus important sur ce thème du deuil est celle de Martha qui discute avec Lois. Dans cette scène Martha explique à Lois quelle doit, malgré le deuil, reprendre sa vie en main, qu’elle doit revenir chez les vivants. Il parait que cette scène a été shooter par Snyder après la mort de sa fille et ça ne serait pas étonnant. Je vous rappelle que le couple Snyder a perdu leur fille Autumn juste pendant la production du film. Justice League parle du deuil de son réalisateur, et de son retour à la vie. Zack n’a pas réussi à sauver sa fille, mais il a réussi à sauver son film, c’était son objectif pour retourner chez les vivants.

D’ailleurs, je ne pense pas trop me tromper en vous disant qu’il a réitéré son travail de deuil grâce au cinéma, dans son dernier film « Army of the dead ». Si vous avez vu la fin du film, peut être verrez vous, comme moi, un travail très connu en psychologie en période de deuil, l’inversion des rôles.

Bref, passionné, déterminé, parfois extrême, intelligent, visuel,  Zack est le genre de réalisateur qui me parle directement. Et j’espère ne pas me dire un  jour, comme pour Burton que Zac Snyder n’est plus un artiste, mais un banquier. Un artiste se plante parfois,  est souvent incompris, prend des risques, mais parle surtout directement au cœur de son public.

djekill

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